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12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 14:00
Les mots que nous utilisons pour nous décrire sont comme des slogans publicitaires

Les mots que nous utilisons pour nous décrire sont comme des slogans publicitaires. Sitôt prononcés, ils ont la faculté de nous toucher fort dans notre subjectivité, provoquer l'émotion et ainsi de nous les faire ressentir comme s'ils étaient vrais. Notre cerveau émotionnel est touché, notre cerveau rationnel court-circuité. Ces mots semblent sonner juste et vont emporter notre adhésion instantanée en nous empêchant de conserver une certaine distance,et en coupant court à tout esprit critique.

Se dire "Je suis un fainéant" quand on peine à se mettre au travail, "je suis ridicule" quand on se sent mal à l'aise en public, "je suis incapable" quand on ne parvient pas à mener un projet à bien, ou encore "je suis affreuse" lorsqu'on voit dans le miroir des défauts que nous n'acceptons pas, offrent un bel exemple de cet effet pervers des mots. Car une fois prononcés, ils vont agir comme un abus de langage. C'est ce que l'on appelle en thérapie cognitive le phénomène de "l'étiquetage" : En effet, donnez-vous des étiquettes ("incompétent", "incapable", "fainéant", "ridicule", "affreuse"...) et il est pratiquement certain que vous allez y coller à 100%. Car, une fois ces mots sortis de notre chapeau, ils finissent bel et bien par saper toutes nos bonnes intentions à nous sortir du simple mauvais pas dans lequel nous étions pris.

Le pouvoir des mots :

Il existe une petite expérience toute simple et que vous pouvez réaliser chez vous : Asseyez-vous et concentrez vous bien sur la pensée "je peux me lever". Ne pensez qu'à cela et essayez sincèrement de faire de cette pensée la vôtre. Et, dans les 20 secondes qui vont suivre, essayez réellement de vous levez. Rasseyez-vous. Reproduisez ensuite l'expérience en faisant venir à votre esprit la pensée inverse "je ne peux pas me lever". Pensez cela fort et dans les 20 secondes qui suivent, essayez à nouveau de vous lever.

Que se passe-t-il ? Il a sûrement été bien plus difficile, voire impossible de se lever dans la 2ème partie de l'expérience à moins d'avoir fait venir une contre-pensée du type "ce n'est pas la réalité, c'est juste un exercice" ou "mais non, évidemment que je peux me lever", pensée qui vous aura autorisé à vous lever.

Ainsi, les pensées ont un impact considérable sur la façon dont nous nous sentons dans notre corps et dont nous allons nous comporter par la suite. Pensez-donc "Je suis un fainéant" et vous n'aurez plus la motivation de rien faire. Vous pourrez ensuite en conclure abusivement que vous êtes vraiment un fainéant ! L'abus de langage finit par devenir réalit.

En ayant la pensée suivante "J'ai tendance à avoir du mal à me mettre au travail. Qu'est-ce qui pourrait me rendre cette tâche plus facile ?", n'aurait-il pas été plus aisé de s'y mettre en trouvant les solutions pratiques (mieux s'organiser, découper la somme de travail en petites étapes plus faciles à aborder, trouver le moment de la journée et les circonstances où on est le plus opérationnel,etc.) pour débloquer la situation ?

Il ne s'agit pas de développer une pensée "rose bonbon" qui enjolive la réalité ("tu es le meilleur") mais une pensée plus nuancée et plus réaliste et surtout plus opérationnelle qui débouche sur l'action et la recherche active de solutions !

Et vous, quels sont les mots que vous utilisez pour vous décrire le plus souvent ?

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  • : Le blog de marion-bouzid.over-blog.com
  • : Psychologue clinicienne résidant au Maroc, j'ai fait ce blog qui a pour objectif de présenter de façon claire et simple ma pratique professionnelle, des TCC à la mindfulness dont j'instruis des groupes à Essaouira et plus largement aux thérapies cognitives dites "de 3ème vague" en passant par l'ethnopsychiatrie. Vous pourrez également prendre connaissance de mes deux livres "les enfants de la psychanalyse", 2012 et "Les pouvoirs de la tolérance", 2015 aux éditions Odile Jacob.
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